Belle et rebelle poésie
C'est en 1960, alors étudiant en rhétorique au Petit Séminaire de Chicoutimi, que je suis devenu une machine à mots. Je venais de remporter le troisième prix de la Société du Bon parler français et mes confrères m'avaient demandé de composer, paroles et musique, la chanson thème de notre conventum qui s'intitulait S'oublier pour mieux servir. (Aujourd'hui, je changerais le titre de ma chanson et l'intitulerais: Se souvenir pour mieux servir.) En 1961, j'écrivais des chroniques et des petits poèmes dans L'Écho abitibien de Val-d'Or et dans Le Progrès de Chicoutimi.
Impressionné par la sonorité des syllabes et la musicalité des mots (sans doute à cause de mon père qui était multi-instrumentiste), je n'ai vraiment compris la valeur et la nécessité de la poésie dans ma vie qu'en lisant des poètes et des philosophes qui m'en firent comprendre le sens véritable. Comme j'écrivais ma thèse de licence en philosophie en réfléchissant sur le dur désir de durer, vers immémorial d'Éluard, je vibrais fort à cette pensée du philosophe Heidegger : "C'est la poésie qui commence par rendre possible le langage... La poésie est la fondation de l'être par la parole... le langage primitif d'un peuple."
Depuis, je suis peuplé des mots qui résonnent en liberté et en beauté. Pour moi, la poésie n'est pas que belle d'une beauté esthétique et formelle; elle est belle quand elle est rebelle à toute forme de statu quo qui freine l'évolution globale des êtres humains.
Écrire est aussi essentiel à mon esprit que l'eau peut l'être à mon corps.